Pour prioriser le bien-être mental au travail, il faut prendre le temps de comprendre ce qui contribue à un possible épuisement professionnel et apprendre à reconnaître les signes.
Les femmes sont particulièrement vulnérables à l’épuisement professionnel. Dans un récent sondage de Deloitte, 50 % des femmes ont indiqué que leur niveau de stress est plus élevé maintenant qu’il y a un an, et 23 % ont affirmé ressentir de l’épuisement professionnel. En fait, l’étude Women in the Workplace (Les femmes sur le marché du travail) menée par McKinsey en 2021 a révélé que l’écart entre les femmes et les hommes en ce qui concerne l’épuisement professionnel a presque doublé.
« Les femmes doivent maintenant endosser la responsabilité de veiller au bien-être de leur famille, de leurs collègues et des membres de leur équipe, affirme Alexis Krivkovick, associée principale chez McKinsey & Company, en parlant des plus récents résultats recueillis par son organisation selon lesquels les femmes s’assurent du bien-être de leurs collègues de deux à trois fois plus que leurs homologues masculins. Ce n’est cependant qu’un des facteurs qui contribuent à l’épuisement professionnel des femmes.
Comment et pourquoi l’épuisement professionnel survient-il?
Amy Freshman, directrice principale des ressources humaines mondiales d’ADP, déclare : « La génération sandwich – soit les femmes qui conjuguent leurs exigences professionnelles avec la prise en charge simultanée de jeunes enfants et de parents vieillissants – est particulièrement vulnérable à l’épuisement professionnel. »
L’intersectionnalité, soit la croisée entre différentes catégories sociales (comme la race, le sexe/genre ou la classe socioéconomique) qui crée un chevauchement désavantageux et des expériences discriminatoires, est un autre facteur qui contribue à l’épuisement professionnel. « Lorsque vous faites partie des premiers ou d’une minorité ou que vous êtes la seule personne à faire quelque chose, la pression est forte, explique la Dr Ojeda. L’intersectionnalité crée une charge émotionnelle supplémentaire pouvant augmenter le stress, ce qui mène plus rapidement à l’épuisement professionnel. »
Trois signes clairs d’épuisement professionnel
Bien qu’il soit important de comprendre les facteurs qui contribuent à l’épuisement professionnel, apprendre à reconnaître les premiers signaux d’avertissement l’est tout autant. La Dr Lizette Ojeda, conférencière en leadership et en mieux-être, définit l’épuisement professionnel comme un « stress constant prolongé causé par un déséquilibre entre des exigences élevées et des ressources limitées ». Cela n’arrive pas du jour au lendemain. Elle a décrit trois signaux d’alerte qui peuvent aider à reconnaître une personne pouvant subir les effets de l’épuisement professionnel :
1. La personne est exténuée.
Le stress se manifeste souvent par des signes physiques, comme des douleurs au cou et au dos, l’hypertension et des maux de tête persistants. Il y a toutefois aussi un composant mental : une trop grande charge cognitive peut mener à la dépression, à de la colère et à des débordements émotionnels.
2.La personne est démotivée.
Si une personne habituellement très performante fait preuve d’un manque d’engagement général, affirme qu’elle se sent démotivée ou adopte une attitude plus cynique, elle souffre peut-être d’épuisement professionnel. Dans un tel cas, on dit souvent que la « flamme est éteinte ».
3. La personne doute davantage d’elle-même.
Après avoir brûlé la chandelle par les deux bouts, la personne connaît généralement une baisse de rendement autant au travail qu’à la maison. Cela fait souvent en sorte que la personne n’a pas sa capacité normale au travail et fait plus d’erreurs qu’à l’habitude.
Selon la Dr Ojeda, porter attention à ces signes peut aider à repérer l’épuisement professionnel et même à le prévenir avant qu’il ne soit trop tard. « La prévention est beaucoup moins coûteuse et moins longue que l’intervention », explique-t-elle.
Nataly Kogan, entrepreneure et auteure à succès des ouvrages « Happier Now » (Plus heureuses maintenant) et « The Awesome Human Project » (L’incroyable projet humain) a affirmé que les femmes peuvent adopter deux mentalités lorsqu’elles sont stressées, et que les deux peuvent mener à l’épuisement professionnel et les empêcher de demander l’aide dont elles ont besoin. Elle appelle la première mentalité « Je serai plus heureuse quand... ». Cette mentalité fait en sorte qu’une personne croit qu’elle doit réaliser toutes ces choses afin d’être heureuse. Le désir constant d’en faire plus et d’obtenir plus peut entraîner à du surmenage et à de l’épuisement.
La deuxième mentalité que décrit madame Kogan est le « syndrome du martyr ». Celle-ci fait en sorte que les femmes ont l’impression qu’elles devront se battre pour obtenir tout ce qui est important dans la vie. De nombreuses femmes estiment qu’elles doivent travailler deux fois plus fort pour obtenir ne serait-ce que la moitié de ce que d’autres ont, particulièrement leurs homologues masculins, et lorsque la réussite est synonyme de souffrance, on considère que les signes d’épuisement professionnel sont inévitables.
Trois conseils pour prévenir l’épuisement professionnel
Heureusement, les organisations peuvent prendre des mesures pour réduire le risque d’épuisement professionnel chez les femmes. Voici trois tactiques pour éviter et prévenir l’épuisement professionnel.
1. Développer une aptitude émotionnelle
Madame Kogan fait remarquer que c’est une erreur de croire que certaines personnes gèrent naturellement mieux le stress. Elle explique que l’aptitude émotionnelle est une compétence qui se développe comme n’importe quelle autre. Les gestionnaires peuvent prioriser cette compétence en prenant l’habitude d’évaluer comment ils se sentent chaque jour et d’encourager leurs collègues et leurs employés à faire de même.
2. Créer une culture axée sur la sécurité psychologique
Le fait d’encourager les membres de l’équipe à être authentiques, à exprimer leur opinion, à admettre leurs erreurs et à faire part de commentaires honnêtes sans craindre de répercussions peut réduire le stress et accroître l’engagement, ce qui contribue à prévenir l’épuisement professionnel.
« Au travail, nous devons prendre conscience que nous pouvons faire preuve de vulnérabilité et nous exprimer, et cela incite les gens autour de nous à faire de même », affirme madame Freshman.
3. Établir des limites saines
La pandémie a créé une nouvelle façon de travailler, et il n’y aura pas de retour en arrière. Dans une culture en constante activité où tout est accessible en tout temps, il est important pour tout le monde, particulièrement pour les femmes, d’établir les limites nécessaires pour éviter l’épuisement professionnel. Les organisations peuvent démontrer leur appui en incitant les membres de leur équipe à demander de l’aide sans crainte.
« Nous devons porter attention à cette question au sein de nos équipes, indique Miriam McLemore, directrice de la stratégie d’entreprise et de la pédagogie chez AWS. En tant que gestionnaires, nous devons nous assurer d’avoir ces conversations importantes. »
Pour prioriser le bien-être mental au travail, il faut prendre le temps de comprendre ce qui contribue à l’épuisement professionnel et apprendre à reconnaître les signes. Lorsque les organisations s’engagent à prévenir l’épuisement professionnel, tout le monde en profite.
Comme le mentionne la Dr Ojeda : « Chacun d’entre nous a besoin d’aide pour réaliser son plein potentiel. »
Cet article est paru à l’origine dans SPARK Parrainé par ADP.